Une nouvelle recherche des Dégommeuses, une équipe de football féminin militante basée à Paris, souligne le manque de visibilité du football féminin dans les médias français.
Les principales découvertes de l’étude, menée en septembre, montrent que, sur 1327 pages d’informations dédiées au football imprimées dans les médias français, seul 2,1% traitent du football féminin, soit un total de 28 pages.
L’étude est présentée aujourd’hui (19 octobre) à Paris dans le cadre des semaines #FootballPeople, sous la forme de 10 brochures en français présentant une vaste analyse de qualité, imprimées entre le 2 et le 25 septembre 2017.
L’analyse des résultats inclut le journal sportif L’Equipe (quotidien), France Football (hebdomadaire) et So Foot (mensuel), ainsi que les quotidiens régionaux Le Parisien, Le Progrès, La Provence, Midi-Libre, Sud-Ouest, Ouest-France et La Voix du Nord.
Les chercheurs ont remarqué que, dans les contenus des articles de journaux, le football féminin est souvent utilisé pour évoquer et promouvoir le football masculin. Il existe une lacune générale sur la façon de traiter le sujet des équipes féminines.
Les chercheurs remarquent également que le football féminin est souvent décrit dans un langage sexiste inapproprié regorgeant de stéréotypes.
Il s’agit de la première étude de ce type en France. Elle a pour but de souligner l’importance de la visibilité donnée par les médias pour le développement des sports féminins.
Véronica Noseda, membre des Dégommeuses, elle-même membres de l’association Fare, déclare : « Nous avons conduit cette recherche pour rendre visible ce qui ne l’est pas assez, le football féminin, et, dans un deuxième temps, pour quantifier et qualifier cette sous-représentation.»
«Notre but est de collaborer avec les médias et l’industrie du football pour changer la perception du football féminin et la valeur qu’on lui attribue, ce qui permettra ensuite de développer ce secteur.»
Cette étude arrive dans un contexte où la France se prépare à accueillir la Coupe du monde féminine de la FIFA 2019.
D’ici cinq ans…
En 2014, L’Equipe écrivait «d’ici cinq ans, le football féminin sera l’un des sports privilégiés par les médias », suite à une étude de Repucom menée parmi 1 500 représentants de l’industrie du football, dont des associations, des sponsors et des agents événementiels, et lancée à l’occasion de la conférence Futur du Sport.
Mais les différentes études de par le monde démontrent que cet accroissement de l’intérêt médiatique ne s’est pas réalisé.
En décembre 2016, un rapport du Conseil Audiovisuel Andalou, l’autorité de régulation télévisuelle et radiophonique du sud de l’Espagne, révèle que la part du sport féminin dans les informations de la télévision espagnole représente moins de 10% du total des nouvelles sportives.
Le football était le sport le plus commenté, représentant 67% de toutes les nouvelles sportives, mais seul 2% concernaient le football féminin.
Cette étude espagnole a également présenté certaines découvertes sur la représentation féminine parmi les journalistes sportifs, les entraîneurs, les athlètes, les fans, les arbitres et autres tels que les commentateurs, les critiques et les spécialistes. Sur 4 390 contributions aux informations sportives, seules 173 provenaient de femmes, soit au total 4%.
«Nous devons changer les mentalités»
L’entraîneuse professionnelle de football et directrice de Clermont Foot, Corinne Diacre, confiait l’année dernière à Europe 1: «Le sport féminin souffre de ce manque de couverture médiatique.
«Si nous voulons que le sport féminin sorte de son anonymat, nous devons changer les mentalités.»
«Plus on verra du sport féminin à la télévision, plus les gens seront encouragés à aller au stade pour regarder du sport féminin aussi bien que du sport masculin.
Plafond de verre
Le manque de parité entre les hommes et les femmes dans le domaine du football va au-delà de la couverture médiatique.
En 2014, Fare publiait un rapport sur «Glass Ceilings in European Fooball», s’intéressant aux niveaux de représentation des minorités ethniques au physique distinctif et des femmes dans les postes de commandement du football européen.
D’après l’étude, il n’existe pas de femmes entraînant une équipe masculine de football de haut niveau ou de niveau national dans des pays tels que l’Angleterre, l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie, la Belgique et les Pays-Bas, et seulement 8% des entraîneuses sont en charge d’une équipe nationale.
L’enquête de Fare révèle également que seulement 3,6% de tous les présidents, vice-présidents et membres des conseils d’administration des clubs à haut niveau, ligues et fédérations nationales et UEFA sont des femmes.